• Quand je suis rentrée en France en septembre, après deux années passées au Japon, j'ai dû travailler avec un chercheur espagnol de passage pour quelques semaines dans notre laboratoire. Passer du Japon à la France, c'était déjà quelque chose, mais du collègue japonais au collègue espagnol, ça m'a fait retomber sur terre tout de suite.

    En effet, là où votre collègue japonais va raser les murs dans les couloirs et ne répondra jamais à vos "konnichiha" même les plus enthousiastes, le collègue espagnol, qui ne vous connait au début ni d'Eve ni d'Adam, va venir se planter à coté de votre bureau et vous demander de la voix grave du mâle sûr de lui: "Alors, petite, tu es contente de commencer ta thèse?". Et alors que vous tiriez la langue dans le dos de vos collègues japonais qui ne répondaient pas à vos salutations, vous vous surprenez à dire à l'espagnol d'une petite voix "Oui, monsieur". Même si ça fait déjà plusieurs années que votre thèse vous l'avez terminée.

    Quand, quelques mois après votre départ, vous envoyez un mail à un collègue japonais pour lui demander de ses nouvelles, comment va sa vie, sa femme etc... vous recevez une réponse où le dit collègue vous raconte en long en large et en travers les dernières expériences super cools qu'il a faites récemment, il vous dit qu'il aurait tant aimé que vous ayiez pu voir le magnifique poster qu'il a présenté à la dernière conf internationale et au passage, il vous rappelle que vous avez toujours un article à écrire et qu'il attend impatiemment d'en voir le premier jet.

    Quand, quelques mois après son retour, vous envoyez un mail à votre collègue espagnol pour lui demander un renseignements sur les dernières expériences que vous avez faites avec lui, il vous répond, que non, désolé, il n'a pas l'info mais qu'il est bien content d'avoir de vos nouvelles. Et de parler de choses et d'autres et de conclure par une citation qui donne en français (eh, oui, trop forte cette fée atomique: non contente de baragouiner le japonais, elle  traduit l'espagnol):

    "Pour aimer les hommes, il est nécessaire de s'éloigner d'eux de temps en temps. Loin d'eux, nous nous rapprochons d'eux".

    Mouais, y'a pas à dire, ça change du Japon.

     


    4 commentaires
  • Aujourd'hui, nous avons eu la visite d'un chercheur tunisien (entre parenthèses, il nous a montré une photo de son labo à Gabès et s'ils ont encore une place de chercheur dans son université posée sur les dunes à l'ombre des palmiers, je veux bien me sacrifier)

    Extrait de la réunion:

    Le chercheur invité: Voilà des images de mes nanoparticules de Mgx-yZnO2+y dopées aluminium. Elles sont métalliques.

    Un collègue: Métalliques? Mais elles sont aussi transparentes?

    Le chercheur invité: Oui, elles sont transparentes... et métalliques à cause de l'aluminium.

    Mon chef: Ah, mais c'est comme l'aluminium transparent de Scotty dans Star Treck III alors!

    Nous: ...

     


    6 commentaires
  • Je suis en train de lire un livre, "Au fond du labo à gauche" d'Edouard Launet et je suis atterrée: on y apprend que des biologistes bidouillent les gènes des moutons pour qu'ils produisent de la laine qui ne rétrécit pas au lavage, que des médecins légistes étudient attentivement les mille et unes façons que les gens ont trouvées pour se suicider avec des pétards, ou qu'un zoologue a enfilé sa doudoune spéciale grand froid et a filé sur la banquise pour vérifier si c'est bien vrai que les pingouins tombent à la renverse quand ils regardent passer les avions.

    Alors, là, je dis stop. Monsieur le ministre de la Recherche, vous qui êtes, je n'en doute pas, un homme responsable et plein de bon sens, je vous lance un appel: arrêtez de filer des sous à tous ces guignols, chimistes, médecins et autres biologistes. Donnez plutôt la totalité de votre budget à des gens sérieux qui travaillent durement chaque jour pour améliorer les conditions de vie de leurs semblables, des gens qui font converger leurs efforts pour la gloire de l'esprit humain, donnez votre pognon à des vrais scientifiques, dignes de ce nom: les physiciens. Non, mais.


    8 commentaires
  • Dans le film d'horreur du même nom c'étaient les profs qui, possédés par des créatures venues de l'espace, s'attaquaient aux pauvres étudiants d'une fac et leur suçaient le cerveau. Chez nous depuis hier, ce sont les étudiants qui, possédés par des forces maléfiques mystérieuses, ont empilé tables et chaises devant toutes les issues et nous empêchent d'entrer pour mener à bien notre noble mission de chercheur. Nous usons de toutes les ruses pour pénétrer dans les bâtiments (notre postdoc japonais, décidément très motivé, a même rampé ce matin sous une porte de parking entrouverte pour arriver jusqu'à son bureau)

    Comme nous aussi nous sommes organisés, nous avons mis au point notre stratégie pour faire face à l'adversité: faire peur à l'ennemi, généralement ignorant des choses de la science (ben oui, barricade ou amphi, beaucoup ont déjà fait leur choix depuis longtemps) en prétendant qu'il faut absolument qu'on entre dans notre labo, là, maitenant tout de suite, car on a une réaction nucléaire sur le feu et qu'elle pourrait s'emballer d'une minute à l'autre. C'est très efficace, même les plus récalcitrants  se contentent d'un "euh, c'est vraiment urgent comme manip?" et nous laissent passer.

    Par contre je ne suis pas sure que l'image des chercheurs va sortir grandie de tout ça.

    Mais celle du savant fou prêt à faire exploser la planête, oui.


    5 commentaires
  • Avant-hier,  en allumant ma télé, j'ai cru qu'ils passaient une redif de Bioman. Et puis j'ai compris que c'était l'équipe japonaise de patinage de vitesse.


    4 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique