Il y a 2 semaines environ notre postdoc japonais est reparti vers sa terre natale. J'en ai déjà parlé ici quelques fois pour louer sa grande capacité  de travail et sa volonté à toute épreuve et je me dois de lui rendre un dernier hommage (non, il n'est pas mort mais pour nous c'est un peu comme si). Il a été exemplaire jusqu'au bout: le jour de son départ, alors que son avion était prévu à 18h, il a travaillé au labo jusqu'à 15h. A 15h00 précises, il s'est dirigé vers son bureau. 15h05 il a fini de ranger ses affaires dans sa valise et il commence à faire le tour des bureaux pour nous dire au revoir. 15h10 il part vers l'aéroport sans se retourner.

Il va nous manquer.

J'aime l'ambiance dans les labos de recherche, généralement c'est très international. On échange nos cultures entre collègues, on compare nos pays et souvent on s'apprend quelques mots dans nos langues respectives.

C'est comme ça que maintenant, grâce à mon collègue polonais, je sais dire "Bonjour camarade Staline" en russe.

Ce matin dans mon labo...

Les chercheurs ont le sens de l'humour (et ils sont parfois hésitants sur l'orthographe, oui)

Dans le roman de R.L. Stevenson, si je me souviens bien, c'est le Dr. le gentil gars et le "Mister", l'affreux méchant. De mon côté, j'ai l'impression de vivre le même cauchemar tous les jours à la fac, mais en sens inverse.

Quand je me promène incognito sur le campus, je suis Miss La Fée. Les étudiants sont bienveillants et certains jeunes mâles me font même de grands sourires ou me tiennent la porte en lançant des "Je vous en prie, mademoiselle" d'une voix suave.

Quand j'entre dans une salle de cours, je deviens le "Dr. Atome": les regards se durcissent, je sens même la peur sur certains visages. Je suis devenue l'ennemie, l'affreuse créature qui s'agite au tableau avec sa craie et son chiffon et qui parle une langue inconnue.

 Oui, la vie d'enseignant-chercheur est décidément schizophrène.

Message d'un chercheur de mon institut à l'ensemble de ses membres: